La société LA SOUDANE

L'histoire de la société LA SOUDANE racontée par :

  • Hélène MICHEL, la belle-fille de Julien MICHEL,
  • Jean-Pierre PLAISANT, le fils d'Aimé PLAISANT,
  • et Joseph GOLETTO qui a travaillé à LA SOUDANE de 1935 à 1952.

La société LA SOUDANE a été créée le 1er décembre 1932 par Messieurs Pierre Léon ASTIER et Julien MICHEL.

Léon ASTIER était déjà directeur de la SATA.

L'objet social de la société était "l'exploitation d'un dépôt de bière, fabrique de limonade et toutes boissons gazeuses, de la glace, la vente de ces mêmes produits et toutes fabrications et commerces annexes, la vente de tous bois de chauffage, charbon, grain..."

Le siège social était fixé à BARCELONNETTE, 15 avenue Porfiorio Diaz.

Le 23 octobre 1935, Aimé PLAISANT devient co-associé à parts égales de Messieurs ASTIER et MICHEL.

1°) L'activité bière, limonade et boissons gazeuses

Cette activité avait lieu exclusivement 15 avenue Porfiorio Diaz, côté rue du Moulin.

La limonade et les boissons gazeuses étaient fabriquées sur place, la bière était conditionnée sur place (pas de fabrication).

La SOUDANE avait deux lignes de conditionnement:

  • une ligne de lavage des bouteilles,
  • une soutireuse qui remplissait les bouteilles.

La limonade et les boissons gazeuses étaient composées d'eau, de sucre et d'une dose de produit (des sacs de 100 kg de sucre étaient utilisés).

La fabrication avait lieu dans le laboratoire, M. MAZA faisait les dosages pour la fabrication de la limonade et des sodas.

Les limonades et boissons gazeuses étaient conditionnées en bouteille de 3/4 de litre.

La bière PHENIX, elle n'était pas fabriquée sur place. On allait la chercher en fût à la Brasserie PHENIX de la Valentine, près de MARSEILLE.

Elle était ensuite conditionné en canette et en bouteille de 3/4 litre.

Une glacière fabriquait également de la glace que l'on distribuait gratuitement dans les bars de Barcelonnette (une quinzaine).

Trois à quatre employés permanents travaillait à la fabrication de la limonade et au conditionnement de la bière. Des extras étaient embauchés pour l'été.

La bière, la limonade et les sodas étaient vendus et livrés dans toute la vallée jusqu'à FOUILLOUSE et LARCHE.

La présence militaire était très importante dans la vallée, la société approvisionnait les garnisons dans les fortifications en bière et limonade (RESTEFOND, FOUILLOUSE, ROCHE LA CROIX).

Il existait à l'époque une réelle concurrence avec la Brasserie Alpine.

Le nom de la LA SOUDANE, source naturelle du Sauze, avait peut-être été choisi comme symbole de pureté pour favoriser la vente des boissons.

2°) L'activité BOIS

Julien MICHEL et Aimé PLAISANT s'occupaient de cette activité qui prenait deux formes :

a - Le bois de grume (tronc d'arbre abattu et ébranché mais non encore écorcé et débité)

Les coupes de bois étaient achetées aux enchères. Elles se pratiquaient dans toute la vallée : au MARTINET, à UVERNET, au LAUZET (vers les virages du sous-préfet), à ST VINCENT LES FORTS (au Bois du Foin), à JAUSIERS (aux Sagnes), à CORNILLE.

On montait un téléphérique dans les coupes de bois. La mise en place du câble, porté à dos d'homme était une tâche très difficile et très périlleuse. Le réglage et l'équilibrage selon le relief devaient être très précis et demandaient une grande maîtrise. Les câblistes italiens venaient de la province de BERGAME. Aimé PLAISANT dirigeait les coupes sur le terrain.

Il y avait des équipes de bûcherons dans les coupes de bois et des personnes payées à la tâche selon l'importance de l'activité.

Quand il pleuvait dans les coupes, le sol devenait glissant, on pouvait alors faire glisser les rondins de bois au bas des ravins et les récupérer par les chevaux.

Les chevaux étaient utilisés dans les coupes de bois pour les endroits inaccessibles, les camions prenaient ensuite le relais.

Les écuries des chevaux étaient à l'emplacement de la maison MICHEL, sur la place du Gravier, à côté de l'Hôtel de la Marine. Il y avait une écurie et deux garages au rez-de-chaussée, une grange à fourrage au 1er étage pour stocker le foin.

L'hiver, les chevaux étaient mis à disposition pour le déneigement des rues de BARCELONETTE (passage du traîneau).

Le bois de grume était scié à la scierie du Pont-Long.
M. ROBERT était charpentier à la scierie avec 2 ou 3 ouvriers.

Le bois de grume était ensuite vendu dans la vallée ou exporté vers MARSEILLE.

M. ANFOSSI descendait le bois de grume et remontait de la VALENTINE, les fûts de bière (pas de voyage à vide).

A la scierie, avec les déchets de bois (les coins), on confectionnait des fagots qui étaient vendus aux boulangers de BARCELONNETTE pour la première fournée.

Il y avait plusieurs autres scieries dans la vallée : BOTTERO à BARCELONNETTE, GILLY et TROUCHE au LAVERCQ, GARCIN aux GLEISOLLES, REYNIER aux THUILES, CHABRIER à CHAMPANASTAIS.

b - Le bois de chauffage

Le bois de chauffage était acheté hors de la vallée (chêne, fayard) et conditionné ensuite à Barcelonnette pour être revendu au détail.

Il était stocké à la Galopine (15 avenue Porfiorio Diaz).

C'était du bois de 1 mètre qu'il fallait couper à nouveau et fendre pour le vendre ensuite au détail.

La livraison de bois de chauffage dans BARCELONNETTE se faisait au départ de la Galopine (actuellement garage CHAUVET).

3°) Le personnel de la SOUDANE

Le personnel total de la SOUDANE est très difficile à estimer. L'activité avait lieu sur deux sites (à la scierie et à la Galopine), était saisonnière pour les boissons (du personnel était embauché pendant les étés) et dépendait également du nombre de coupes de bois en exploitation.

Un chiffre d'une trentaine de personnes pour toute la société peut être avancé.

Plusieurs noms ont été cités, cette liste est certainement à compléter.

Le personnel administratif et de vente de La Soudane était au 15, avenue Porfiorio Diaz.

M. BALDERANI était comptable, Mme FAURE, secrétaire. Mesdames LAUGERO et Fernande ANFOSSI faisaient également partie du service administratif.

A la Galopine travaillaient Gilbert MARTIN, M. BAGNIS et M. GIAVELLI.

Joseph GARINO a travaillé à la Soudane et c'est lui qui a fait rentrer Joseph GOLETTO.

A la scierie, il y avait M. ROBERT, le responsable. Roger CLARIOND, M. BRUNO, M. CAMPAGNO, Michel ALLIONE, Alexandre MICHEL ou Constant DAO-LAFONT ont travaillé.

Les chauffeurs étaient messieurs RABY, BROCHIER et ANFOSSI.

Monsieur BROCHIER était un chauffeur particulièrement téméraire. Jean-Pierre PLAISANT se souvient d'une coupe de bois à la Rente. Le camion devait descendre sous l'église d'ENCHASTRAYES par la route qui va vers la Conche. Dans les virages en épingle à cheveux, des plateformes en bois avaient été construites pour que le camion puisse tourner (selon le même principe que dans le célèbre film Le Salaire de la Peur). M. BROCHIER y lançait son camion, sans hésiter.

Le parc automobile de la société était composé d'une Peugeot 202, d'une camionnette Citroën B14 et de trois camions BERLIET.

M. MARGAILLAN, charretier, s'occupait des quatre à cinq chevaux.

Messieurs MICHEL et PLAISANT ont essayé de préserver au maximum l'activité durant la guerre pour éviter au personnel de devoir partir au STO.

La société LA SOUDANE a cessé son activité en 1952.

Messieurs Aimé PLAISANT et Georges MICHEL (le fils de Julien MICHEL) ont continué le métier d'exploitant forestier en créant chacun leur propre entreprise.

M. Julien MICHEL est décédé à ENCHASTRAYES, le 21 juin 1952.

M. Pierre Léon ASTIER est décédé à BARCELONNETTE, le 20 mai 1958.

M. Aimé PLAISANT est décédé à GAP, le 30 juillet 1981.