Les souvenirs d'enfance de Pierre-Gilles de Gennes

Laurence PLEVERT a publié au mois de juin 2009 aux éditions BELIN une biographie de Pierre-Gilles de Gennes intitulée "Pierre-Gilles de Gennes, gentleman physicien".

Ce livre est disponible à la vente à la librairie IMAGINEZ de Laurent et Marie-Andrée.

Le 5 mars 2008, Laurence PLEVERT m'a envoyé un courriel où elle m'indiquait avoir découvert par hasard mon site en menant des recherches documentaires sur BARCELONNETTE.

Monsieur de Gennes lui avait longuement parlé des années qu'il avait passées à BARCELONNETTE durant la guerre.

J'ai essayé de l'aider dans ses recherches en lui adressant la documentation dont je disposais (merci au passage à Gérard et Josette LESUEUR).

Pour me remercier de ma petite contribution, Laurence PLEVERT m'a proposé de publier le compte-rendu de ses entretiens avec Monsieur de Gennes consacrés à BARCELONNETTE. Je l'en remercie vivement ainsi que Mme de Gennes et sa fille qui m'ont donné leur accord de diffusion.

Le langage de ces entretiens est très parlé, il correspond à la transcription d'une conversation.

Malgré la stature de Monsieur de Gennes, je dois avouer que je n'étais pas un chaud partisan du nom donné par la municipalité à la place de la Médiathèque.

Après avoir passé une partie de son enfance dans la vallée, Monsieur de Gennes n'avait plus gardé de lien particulier avec BARCELONNETTE ou participé à la vie locale.

Néanmoins, la lecture de ses souvenirs m'a fait changer d'avis. J'ai été surpris de constater que l'homme exceptionnel qu'il était devenu n'avait rien oublié de l'enfant de BARCELONNETTE qu'il avait été.

Finalement, la place "Pierre-Gilles-de-Gennes", ça me va.

Voici le texte de ces entretiens:

Barcelonnette

« Barcelonnette a été un centre d'émigration étonnant. Vers 1830, trois frères, les frères Arnaud, sont allés au Mexique et ont tenu un comptoir où ils vendaient des étoffes, principalement aux Indiens, et ça a bien marché. Progressivement, ils ont fait venir des neveux et des nièces, puis ils ont créé là-bas l'équivalent des Galeries Lafayette. Les grands magasins de Mexico sont français depuis ce temps-là. Il existe une colonie de Barcelonnette à Mexico toujours présente. Certains sont revenus à Barcelonnette pour la fin de leur vie et ont construit des maisons dingues dont un quartier subsiste. »

Logement

« On habitait une petite maison dans la grande rue de Barcelonnette, la rue Manuel. C'était un petit deux-pièces, avec une petite cuvette en zinc pour se laver, un broc, un poêle à la fois pour se chauffer et pour faire la cuisine : c'était vraiment le minimum. Nous allions chercher l'eau un robinet commun. Il y avait deux pièces : une pièce où je logeais qui donnait sur la rue et une pièce face à la montagne qui avait une belle vue, mais une toute petite fenêtre. C'est là que se trouvait le poêle. Et que l'on vivait. Ma mère y dormait aussi, en tirant un petit rideau dans un coin. Cette pièce faisait cuisine salle de bains et living-room. Il y avait aussi un parquet en bois et, quand ma mère me lisait l'histoire d'une bataille, par exemple, Wagram, je dessinais à la craie le plan de la bataille sur le parquet. Un jour, ma mère a paniqué en découvrant que les murs de ma chambre étaient fendillés et que des tuyaux passaient à côté. Elle s'est persuadée que des gaz de combustion rentraient dans la pièce, de l'oxyde de carbone, très toxique, elle a alors exigé des propriétaires qu'ils réparent cela.

Au tout début où nous étions à Barcelonnette, avant que nous ayons trouvé ce deux-pièces, nous logions dans une petite pension de famille, tenue par deux vieilles filles qui logeaient surtout des filles de la vallée qui venaient suivre les classes en première et terminale. J'étais radieux d'être parmi ces filles plus grandes que moi.

Ecole

« À Barcelonnette, il y avait des enseignants extraordinaires, qui, pour une raison ou pour une autre, préféraient être repliés en zone libre. Louis Blanchard était un historien archéologue qui avait fait des fouilles avant la guerre dans des sites romains sur la mer Noire et qui s'était réfugié à Barcelonnette. Il enseignait le français au collège. Sa femme était très gentille et je l'aimais beaucoup. Elle était violoniste. Ils avaient deux fils, Daniel qui avait à peu près mon âge, et Michel qui avait trois ans de moins.

Le matin, nous entrions dans les classes, qui ressemblaient à celles décrites dans le grand Meaulnes, avec des pupitres en bois et des encriers en porcelaine, l'encre était gelée en hiver. Chaque matin, il y avait un groupe défini qui devait arriver un quart d'heure en avance pour allumer le poêle et dégeler un peu l'atmosphère. Parfois, je faisais partie de ce groupe. Les classes étaient mixtes : nous étions en avance sur le temps.

Je ne sais plus si j'étais bon élève mais je me régalais à apprendre. J'étais sans doute bon élève, car j'ai passé toutes les classes sans problème, alors que j'étais bien plus jeune. Je me souviens du français où j'avais des bonnes notes. Ma mère m'avait fait renforcer un peu en mathématiques avant que j'entre au collège par une vieille dame de Barcelonnette, très gentille, qui s'appelait Mlle Lèbre. Je l'ai revue il y a une vingtaine d'années et j'étais radieux de lui dire ma reconnaissance. Ma mère m'a aussi fait donner des cours de dessin. »

Amitié

« J'avais peu de copains dans les années avant-guerre. Je n'ai pas souvenir de copains… Une fois arrivé à Barcelonnette, j'ai eu des copains. Le plus proche était un « Mexicain », Gilbert Signoret, de mon âge. On était en classe ensemble. Il avait une vie un peu comparable à la mienne dans le sens, où sa mère était une de ces femmes survoltées, et son père était mort. Sa mère était souvent absente ; il vivait dans des conditions un peu chaotiques. Ils avaient une très belle maison qui surplombait toute la vallée. Plus tard, je suis allé à Mexico pour donner des conférences et j'ai visité Gilbert qui s'était installé là-bas. Il y a fait une carrière typique là-bas, assez dure, car il était le frère cadet. Gilbert, quand il est arrivé là-bas, devait presque faire du porte-à-porte, un métier de représentant mais chez les Indiens dans le Chiapas, ouvrant un petit comptoir. Cela se faisait depuis 1822 depuis que des gens de Barcelonnette étaient allés là-bas. Après cette formation, il est revenu à Mexico. »

« Quand je suis arrivé au collège de Barcelonnette, j'étais un solitaire et je n'avais pas les mêmes habitudes que les garçons du coin. J'ai passé les premiers mois à me bagarrer, mais c'était formateur. Parmi les gamins que je fréquentais, il y avait des gamins comme moi, venant d'un peu partout, transplantés, des émigrés en quelque sorte. D'autres étaient des enfants de paysans de la vallée (ils venaient de petits villages de la vallée, comme Saint-Paul sur Ubaye). D'autres, issus du milieu mexicain, vivaient assez confortablement. Ces classes étaient un mélange étonnant. L'un des « émigrés » était le fils d'un cinéaste, un peu connu à l'époque, Carlo Rim. J'avais fraternisé avec lui. C'était un élément très vivant, sans doute car il avait vécu dans les ambiances des studios de cinéma. J'ai eu un autre copain remarquable, mais je ne sais pas ce qu'il est devenu : Flesh, un juif émigré. Il s'était trouvé au début de la guerre dans un petit village du Midi, mais ses parents et lui crevaient de faim, alors ils sont remontés vers la montagne qu'ils trouvaient plus accueillante. Flesh était probablement un peu plus âgé que moi. C'était un esprit profond, très intéressant. Mes principaux amis, c'étaient eux. »

« Il y avait deux bandes à Barcelonnette : la bande du Gravier et la bande du Peyra, deux quartiers de Barcelonnette. On avait des lance-pierres. J'étais très fier de mon lance-pierre, car ce n'était pas donné à tous de se procurer un ruban de caoutchouc. Avec ce lance-pierre, je descendais des supports en verre des poteaux télégraphiques, et parfois, on se battait entre bandes. Un autre truc que j'aimais beaucoup, c'était de jouer aux billes. Il y avait des tas de sable qui était abandonné sur une place un peu isolée de la ville et j'adorais faire là-dedans des espèces de chemins pour que les billes descendent. Je jouais aussi sur la place Manuel où se trouve une vieille tour qui s'appelle la tour Cardinalis. J'étais d'un niveau estimable ; je jouais tous les jours aux billes ; c'est comme cela que je voyais la communauté des Juifs qui venait pour l'appel tous les jours à midi sur cette place. »

Loisirs

« Je me souviens, quand j'étais à Barcelonnette, à la saison d'été, il y avait une vieille piscine qui était dans la montagne, pas dans la ville. Elle n'appartenait à personne, elle devait se trouver dans une propriété abandonnée. Elle était remplie par l'eau de pluie. J'adorais aller à cette piscine, parce que, d'une part, j'adorais nager et on plongeait à partir d'un tronc d'arbre qui avait été mis dans la piscine, et d'autre part, tous les jeunes du pays, en général plus vieux que moi, étaient là, et toutes les nanas aussi. Ce qui est drôle, c'est qu'il y a plusieurs de ses nanas que j'ai connues beaucoup plus tard. Deux d'entre elles sont liées à la famille de Louis Blanchard, des nièces, Dominique et Fanny. J'avais la réputation de faire de mauvaises plaisanteries à Fanny, comme défaire ses nattes, ou la pousser à l'eau, des choses de ce niveau. Elle était un peu plus âgée que moi, et Dominique avait le même âge que moi. Dans les années 1955, et après, j'ai retrouvé Dominique, Fanny et leurs parents, et je suis souvent allé dans leur maison qui se trouvait un peu au nord du Luberon. Je les ai retrouvés grâce aux Blanchard. Il y a eu aussi une autre fille, Martine Bour, qui était de Barcelonnette. On est resté longtemps amis.

Cette piscine, j'y allais souvent clandestinement : pour une raison ou pour une autre je n'avais pas l'autorisation. Malheureusement, je n'avais pas de rechange et je portais un caleçon qui faisait office de maillot de bain. Parfois, quand je devais rentrer, mon caleçon n'avait pas eu le temps de sécher. Donc je remettais mon short par-dessus et je fonçais à vélo, mais un grand cerne humide sur mon short trahissait trop visiblement ma faute. Je revois ma mère me poursuivant alors avec un parapluie pour me taper dessus, et moi, courant autour du lit, pour éviter les coups. »

« À la fin du séjour à Barcelonnette, j'avais une amoureuse qui s'appelait Marie-Thérèse Paret. Je l'ai très peu connue en fait, mais je la trouvais très mignonne. Je l'ai rencontrée à la piscine. Ses parents étaient opposés à ce que je la vois, car il faut voir comment j'étais en 1944 : je faisais partie de la bande du Gravier ; j'avais des shorts lamentables, j'étais habillé de bric et de broc et je ne quittais jamais mon lance-pierre. J'avais vraiment une allure de sale gosse typique. Alors que cette famille dont je ne sais rien par ailleurs devait être un milieu assez bourgeois. Marie-Thérèse avait de jolies nattes. Ne pouvant pas entrer chez elle, je lui apportais des mots. Parfois, nous échangions des messages des correspondances par des tiers, ainsi nous étions un peu en contact. »

« Je me souviens de skis en frêne, que l'on fartait avec une sorte de cire noire, des fixations qui étaient de sorte de lanière en cuir. C'était rustique. Le matériel était minable et les pieds flottaient dans les chaussures. Ces skis n'étaient pas à moi. Nous montions au-dessus de la ville et nous faisions quelques descentes. »

Guerre

« Au début [de la guerre], le coin était indépendant, puis, après, ça a été l'occupation italienne. Il y a eu un moment où les Allemands ont envahi la zone libre, mais ils ont laissé ce bord occupé par les Italiens. Cette occupation italienne se traduisait pour les Juifs par plus de mansuétude : ils pouvaient loger où ils voulaient, ils n'étaient pas emprisonnés, mais ils devaient quand même répondre à un appel tous les midis sur la grande place de Barcelonnette. Je jouais aux billes sur cette place et je voyais ces gens rassemblés pour l'appel. »

« Louis Blanchard [mon professeur de français] était résistant. Parfois il disparaissait quelque temps. Il était un membre actif du groupe qui menait la résistance dans le coin. Les résistants se réunissaient dans un lieu nommé le moulin de Chabre. Il y a fait une énorme agitation, des parachutages. Les gamins comme moi aidions à plier les parachutes. Cela se passait avec beaucoup d'enthousiasme. On cueillait des bouquets de fleurs tricolores. Il restait des Allemands en petit nombre basés dans une sorte de petit manoir, à un ou deux kilomètres à l'extérieur. Les résistants les ont encerclés et le manoir a été brûlé. Je regardais cela à 500 mètres. Les Résistants avaient placé leur QG dans la maison de mon ami, Gilbert Signoret en juin 44, car elle avait une très bonne vue sur la vallée. Or les Allemands avaient besoin du passage par Barcelonnette car c'est une route importante entre la France et Italie. Ils ont envoyé l'équivalent d'un bataillon blindé qui a repris la ville facilement, trois semaines plus tard. Il y a alors eu une répression terrible. La famille Blanchard a dû se cacher dans les montagnes, accueillis par des paysans mais ils devaient changer souvent d'endroit. Les Juifs ont alors dû se cacher dans la montagne sinon ils seraient partis dans des camps. Ma mère, réalisant qu'ils n'avaient rien à manger dans les montagnes, s'est dit : « il faut faire quelque chose ». Alors elle préparait de grands sacs ; le problème était de passer les postes de garde avec des mitrailleurs aux portes de la ville. Il fallait justifier de sortir et avec de grands sacs qui plus est. Le prétexte était d'aller chercher des champignons ; elle a permis à trois ou quatre familles de tenir, qui lui exprimaient leur reconnaissance des années après. »

« Les Allemands avaient décidé de brûler la maison de mon ami qui avait servi de QG à la Résistance. Or, lors de cette période de répression, ils prenaient chaque matin cinq personnes au hasard et les fusillaient, cela a duré environ deux semaines. Cela ne l'a pas arrêté ma mère qui est allée à la Kommandantur (elle risquait pourtant de se trouver désignée parmi les cinq) où elle a tenu son discours habituel : « Vous ne me faites pas peur ! J'ai fait la Guerre de 14, etc. Ne brûlez pas cette demeure, cette pauvre femme et son gamin n'y sont pour rien. » . Et ils n'ont pas brûlé cette maison. »

« Un matin, moi aussi, j'ai eu très peur. Ma mère n'était pas là et j'allais prendre mon repas de midi dans la famille du proviseur, qui était devenue une famille assez amie. Il y avait deux filles, Christiane et Paulette, un peu plus grandes que moi que je trouvais mignonnes. Elles avaient des petits bonnets pour aller à la messe. Je les ai revues plus tard. J'ai été assez ami avec Christiane avant qu'elle se marie : elle était montée à Paris. Paulette a épousé un de ses riches mexicains et elle a passé la majeure partie de sa vie au Mexique. Leur mère était très gentille et faisait une très bonne cuisine. J'étais intimidé par le principal, qui était assez redoutable comme peut l'être un principal, mais probablement gentil au fond. Je me dirigeais vers le collège en fin de matinée, qui était alors occupé par les Allemands. Deux Allemands, en me voyant arriver, pointent leur mitraillette vers moi et me plaquent contre un mur. Je me dis : « Ça y est : je suis parmi les cinq fusillés. En fait, ils allaient exécuter les cinq victimes et les amenaient de l'autre côté du mur. Ils ne voulaient pas que le petit gamin que j'étais assiste à la scène. Ces Allemands étaient eux-mêmes des gamins. »

Libération

« Avec les Américains qui avaient débarqué à Barcelonnette, j'étais aux anges parce que je parlais anglais. Les Américains étaient installés autour de petits villages dans les environs de Barcelonnette. Et de là, ils canonnaient les forts qui étaient toujours occupés par des Allemands. Je leur parlais et quand ils tiraient, je m'écartais. Ce n'était pas dangereux car les Allemands étaient à 20 km, cachés dans leurs forts dans une situation de pure retraite. Ils sortaient seulement la nuit pour essayer de trouver des vivres. J'avais fait un carnet, où je marquais les noms et adresses des soldats américains avec qui je fraternisais. Il y avait des gars de Brooklyn, de New York. Quand je vois l'anti-américanisme que nous avons tous, moi aussi je me sens très anti américain par certains aspects, mais je me souviens de ces divisions qui ont été débarquées au Maroc, en Sicile, qui ont remonté l'Italie qui se sont battus, puis finalement qui ont débarqué sur la côte du golfe Juan, pour remonter chez nous. Ils vivaient dans un monde si différent, ils étaient si peu concernés par nous, ils se sont sacrifiés. Il ne faut pas oublier.

Je notais leurs adresses probablement pour leur écrire après. Et je négociais avec eux. J'avais un vélo, chose très importante, pour aller dans ces coins perdus où ils étaient, dans un rayon de 4 à 5 km autour de la ville, mais cela montait beaucoup. Dans une autre direction, il y avait des champs assez plats, où ils avaient garé des avions d'observation, des Piper Cub, des petits avions. Je tournais autour de ces avions, qui leur servaient à aller voir des forts à la frontière pour voir si leur artillerie avait fait quelque chose. Une fois, j'ai réussi à être amené pour un tout petit tour sur un de ces Piper Cub, un petit tour de rien, parce que je parlais bien anglais, mais j'étais très fier. J'ai un très bon souvenir de cette période, vers août, après des périodes dures. Je n'ai pas connu la reddition de ces forts. Mais Louis Blanchard me l'a racontée : une histoire superbe, mais je n'ai pas les noms. Ces forts étaient imprenables et les Américains n'avaient pas envie de monter à l'assaut de ces forts, ni la Résistance française. Les troupes allemandes descendaient la nuit dans des villages où ils essayaient de piquer de la nourriture ; ces villages étaient abandonnés, situés près des forts. Les paysans avaient été évacués, mais les soldats essayaient d'y glaner de quoi subsister et on ne savait comment faire pour résoudre ce siège. C'est une femme qui l'a résolu. Elle était d'origine polonaise ou parlait une langue slave ; elle a eu l'audace d'aller la nuit dans ces villages et d'y mettre des tracts où elle disait aux Allemands : « rendez-vous. Il ne vous sera rien fait, c'est sans espoir. » Elle aurait été surprise en train de mettre ces tracts par un officier ou un sous-officier allemand, elle aurait été fusillée sur place. Elle n'a pas eu peur et, grâce à cela, les Allemands se sont finalement rendus. Il y a des gestes d'audace que l'on regrette qu'ils ne soient pas plus connus, car cette femme a certainement sauvé beaucoup de vies, tant du côté allemand que du côté américain ou français. »

Départ

« Nous avons quitté Barcelonnette avec ma mère vers fin août ou début septembre 1944. Il fallait que Lyon soit libéré. Dès que la voie de la montagne à Paris s'est ouverte, ma mère a bondi et elle est partie comme cela. »

Cérémonie

« Cet été, ou était- ce l'été d'avant ?, les gens de Barcelonnette ont décidé de donner mon nom à une place. On a fait une grande fiesta et on a évoqué de nombreux souvenirs. Lors de la cérémonie d'inauguration de la place, la sœur de Martine Bour avait invité Paulette. Je suis entré dans la pièce et j'ai vu une dame que je n'ai pas reconnue : c'était Paulette. J'étais triste de ne pas l'avoir reconnue. »